La fondation de l’Association Aristide Cavaillé-Coll remonte à 1975. À cette époque, la transformation des instruments de ce facteur était encore courante, le classement comme monuments historiques était rarissime et l’acceptation de son esthétique comme pleinement valable pour elle-même était tout au plus admise comme hypothétique. Il a été décidé de publier une revue La Flûte Harmonique. Les deux premières années ont été marquées notamment par des concerts de prestige à Saint-Sulpice et une action de protestation lors de la reconstruction totale du premier orgue parisien significatif de la maison Cavaillé-Coll père et fils, Notre-Dame de Lorette.

En 1978 un changement de direction est intervenu : Georges Lartigau prend en main la présidence, poste qu’il occupera pendant quatre décennies. La nouvelle équipe qu’il dirige alors cherche à privilégier la prise de connaissance des instruments peu connus à l’époque (Saint-Bernard de la Chapelle, Bécon-les-Bruyères, Long-sur-Somme…), à renforcer les contacts en province (création de délégations…), tout en améliorant la présentation de la revue, relancée d’abord avec un brochure hors-série sur L’œuvre de Cavaillé-Coll à Paris. L’association a également fait paraître près de cent cartes postales de buffets d’orgue du XIXe siècle. La défense d’instruments qui étaient menacés de projets de restauration douteux (notamment Saint-Denis, 1982-84, avec pétition internationale — voir les comptes rendus dans La Flûte Harmonique) a pris sa place dans nos activités à côté du soutien et des conseils donnés, au fil des années, à des propriétaires souhaitant faire restaurer leurs instruments (Long-sur-Somme, Sacré-Cœur de Montmartre, St-Pierre de Douai…).

Quant aux manifestations, outre des concerts et une présence à divers colloques, académies d’orgue et festivals (Rouen, Angers, Texas…), l’association a organisé en 1999, à la demande du Ministère de la Culture pour le centenaire de la mort de Cavaillé-Coll, un colloque international à Saint-Denis et Paris. Depuis cette date, plusieurs journées d’études ont été organisées autour de questions spécifiques concernant le domaine large de l’esthétique et de la musique d’orgue en amont et en aval de l’œuvre de Cavaillé-Coll.

L’association a toujours eu le triple souci de diffusion, d’intervention et d’étude historique, technique et surtout esthétique des orgues du XIXe siècle français. La Flûte Harmonique sous forme de revue a atteint son 100e numéro en 2018 avec un contenu fort diversifié comprenant notamment des monographies sur des instruments marquants (Saint-Omer, Saint-Dizier, Saint-Sulpice…) ou encore la réédition de documents d’époque très difficilement accessibles autrement. Depuis 2000 elle a été consacrée surtout à la publication des actes des journées d’études et à des études d’instruments emblématiques du Maître (Elbeuf/St-Jean, Saint-Denis, Warrington, Gand), avec un format A4 au lieu de A5 et une importante augmentation du volume de texte dans chaque parution. Cependant, diverses difficultés liées à la recherche de matériel de qualité et à l’immense travail que représente la production de la revue ont incité l’association à suspendre la publication de La Flûte Harmonique; l’activité de l’association se porte sur d’autres projets ciblés et devra, dans l’avenir, être diffusée de plus en plus par le biais de notre site internet. Certains sujets spécifiques pourront néanmoins faire encore l’objet de publications papier.

L’Association Aristide Cavaillé-Coll, à une époque où — en partie grâce à ses actions depuis quarante ans — les instruments du grand facteur sont mondialement acclamés, voire copiés ou imités et ne sont plus automatiquement menacés, travaille sur un nouvel élan. Pour fêter le bicentenaire de la naissance d’Aristide Cavaillé-Coll 1811-2011, l’association a organisé, avec le soutien d’OrganPromotion en Allemagne, un concours international de composition pour des instruments originaux de ce facteur. Plus de cinquante partitions du monde entier ont été reçues, montrant que l’orgue Cavaillé-Coll regarde encore vers l’avenir.

L’association a le souci d’intégrer pleinement le XXIe siècle en s’ouvrant à une nouvelle audience, des amateurs d’orgues et des spécialistes pour lesquels le message fondateur de l’association a, fondamentalement, été entendu. Un défi pour une génération nouvelle, mais que les richesses de l’époque de Cavaillé-Coll et de ses successeurs rendent très prometteuses…