• Combien d’orgues Aristide Cavaillé-Coll a-t-il construits ?

    La question est bien plus complexe qu’elle n’y paraît !

    Bien que nous disposions d’une répertoire assez détaillé des «Travaux» de la maison, issu de l’entreprise elle-même et avec numéros d’opus ainsi qu’une chronologie précise, celui-ci n’est qu’un point de départ. En effet, certains ouvrages de la maison Cavaillé-Coll n’y sont pas répertoriés, et la liste, qui comporte 699 entrées, comprend non seulement des travaux annexes comme des dispositifs de recherche scientifique et des interventions autres que des constructions (ou reconstructions complètes) mais aussi la vente et l’installation d’orgues d’occasion, voire des projets annulés ou non réalisés.

    D’autre part, la maison avait l’habitude de compter d’importants remaniements de leurs propres instruments comme un orgue à part. Même une étude approfondie n’aboutirait sans doute qu’à des approximations plus ou moins proches d’une réalité qu’il faudrait, déjà au départ, définir.
    Compte tenu de toutes ces difficultés, il est communément admis qu’Aristide Cavaillé-Coll — avant 1850 en association avec son père et son frère – a signé quelque 450 à 500 orgues neufs ou reconstructions totales.

  • L’entreprise Cavaillé-Coll a-t-elle continué après la mort de son fondateur ?

    À l’extrême fin de sa carrière, Aristide Cavaillé-Coll, après plusieurs années de graves difficultés financières, a cédé son entreprise à un élève et ancien collaborateur, entre-temps installé à son compte en Normandie : Charles Mutin. Celui-ci l’a dirigée, en rajoutant ultérieurement son nom au célèbre cartouche («Mutin-Cavaillé-Coll») et en construisant de nombreux instruments, jusqu’à sa retraite en 1923. Le Lyonnais Auguste Convers a pris le relais jusqu’au début des années 1930, où divers repreneurs, dont la manufacture de pianos Pleyel, se sont succédés, érodant sensiblement la production et le prestige de l’entreprise; la Seconde Guerre Mondiale y a porté le coup funeste. Par la suite, seul tel ou tel collaborateur aura perpétué tant bien que mal – à titre plus ou moins individuel et face à une esthétique ambiante fort hostile – les traditions de la maison centenaire…

  • Quels sont les orgues les plus grands et les plus petits que Cavaillé-Coll a construits ?

    L’orgue le plus grand réalisé par Artistide Cavaillé-Coll est celui-ci de Saint-Sulpice en 1862 avec exactement 100 jeux sur cinq claviers et pédale.
    Il est d’ailleurs intact aujourd’hui, avec deux jeux de pédale ajoutés sous l’égide de Charles-Marie Widor à la fin de son titulariat. L’orgue que Cavaillé-Coll a projeté pour la basilique Saint-Pierre de Rome aurait comporté 128 jeux.

    Le plus petit orgue courant de la maison était un modèle de série de quatre jeux (souvent divisés en basses et dessus) sur un clavier unique avec pédale en tirasse. Un modèle de six jeux et demi, correspondant au numéro 8 du catalogue de 1889, a été particulièrement prisé par les paroisses, étant vendu en plusieurs dizaines d’exemplaires. À titre d’exception, il convient de mentionner l’orgue d’accompagnement livré, vraisemblablement à la fin des années 1880, au collègue jésuite de Katwijk au Pays-Bas, instrument qui comportait 34 notes d’un unique bourdon 8′ (voir La Flûte Harmonique n° 19, p. 17).